Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome III, Librairie universelle, 1905.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
273
armée prétorienne


Musée Guimet.Cl. Giraudon.
fouilles d’antinoë. compte-prières
menait à la richesse et à la gloire, comme le fait aujourd’hui coup d’épée planté d’un air distrait dans le cou d’un animal par l’infaillible main du torero. Les princes qui assistaient sans intérêt aux jeux du cirque devenaient rapidement impopulaires, et si les chrétiens restèrent si longtemps abhorrés par la foule romaine, c’est qu’on leur attribuait l’idée d’abolir les spectacles sanglants ; on pensait que s’ils arrivaient au pouvoir ils resteraient fidèles à leurs principes, comme si la conquête du trône n’avait pas toujours pour effet de consolider les abus. Le fait est qu’après le triomphe de la « croix », les empereurs chrétiens se gardèrent bien de toucher aux horribles fêtes ; celles-ci se maintinrent jusqu’à la destruction de l’empire, et même plus longtemps, au moins jusqu’au règne de Théodoric[1]. Encore nous dit-on qu’il fallut l’initiative d’un moine révolutionnaire pour mettre un terme aux combats de gladiateurs : un certain Telemachus, Africain d’origine, se précipita dans l’arène pour séparer les combattants : il fut tué, mais l’institution avait reçu le coup de grâce[2].

Le besoin de voir souffrir était devenu tel que tout drame devait être non pas figuré mais réalisé matériellement. Pour rendre quelque

  1. Gaston Boissier, La Fin du Paganisme, pp. 94 et suiv.
  2. Hartpole Lecky, Rationalism in Europe, p. 37.