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missionnaires irlandais

Scot « Érigène », qui protesta contre le dogme de l’enfer et prêcha le salut final de tous en ajoutant ces paroles : « La raison procède de Dieu aussi bien que l’autorité de l’Église, toute autorité qui n’est pas soutenue par la raison est sans valeur. »

D’après Ch. Dezobry.

villa patricienne

L’indépendance de la tradition irlandaise va jusqu’à prétendre que l’œuvre de la conversion des indigènes à la foi chrétienne se fit non par l’entremise de Rome, mais par des apôtres venus directement d’Asie : d’après les récits anciens, saint Patrick, le prédicateur et patron de l’Irlande, reconnaissait la suprématie de l’évêché d’Éphèse. Par quelques traits de son organisation ecclésiastique primitive, l’île diffère complètement des autres pays de l’Europe occidentale. Des « tribus de saints », des bandes itinérantes de missionnaires travaillaient librement à renouveler la nation. La société s’était en grande partie reconstituée sous la forme communautaire ; de nombreux couvents, habités par des gens mariés, agriculteurs et artisans, formaient autant de centres religieux, commandant hiérarchiquement à des évêques[1]. La rupture avec les anciennes institutions païennes ne

  1. D’Arbois de Jubainville ; — Ernest Nys, Société Nouvelle, mai 1896, p. 606.