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langue magyare

une extrême variété d’origines correspondant à un extraordinaire mélange de races[1].
D’après G. Bock.
sceptre des rois de hongrie

A l’époque où les Hongrois s’établissaient définitivement dans l’Europe centrale, leurs parents, les Turcs de race pure, étaient encore en marche vers l’empire bysantin qu’ils ont fini par conquérir. Les Turcs ou Tou-Kioue, qui se disaient les « fils de la Louve », étaient de rudes compères. La tribu de ce nom, dans laquelle Deguignes voit les représentants par excellence de la race, commença ses conquêtes vers le milieu du sixième siècle, et en peu d’années devint maîtresse de toute l’Asie, depuis la Corée jusqu’au Turkestan. Deux cents ans plus tard, cet empire n’existait plus : il avait été remplacé par celui des Ouïgour (Uigur), autres Turcs, plus civilisés, grâce aux missionnaires nestoriens. En ces immenses contrées sans frontières, les États fondés par les conquérants nomades apparaissent sur des points divers et avec des contours changeants, grossissant tout à coup en proportions démesurées, puis se fragmentant et se dispersant au hasard comme des nuages dans le ciel. D’ailleurs, le lien féodal qui rattachait les chefs à leur grand khan devait être assez peu solide, à en juger d’après les cérémonies d’instauration royale telles que les raconte un auteur chinois : « Quand leur chef vient d’être nommé, ses grands officiers le transportent

  1. Arminius Vàmbéry, Ungarische Revue, Mai, Juli, 1894, pp. 247, 248.