Page:Reclus - L’Évolution, la révolution et l’idéal anarchique.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
l’évolution, la révolution

spontané ne paraissant pas encore possible, le pauvre naïf, qui croit benoîtement au dire des économistes sur l’insuffisance des produits de la terre, doit en conséquence accepter son infortune avec résignation.

De même que les pontifes de la science économique, les victimes du mauvais fonctionnement social répètent, chacun à sa manière, la terrible « loi de Malthus » — « Le pauvre est de trop » — que l’ecclésiastique protestant formula comme un axiome mathématique, il y a près d’un siècle, et qui semblait devoir enfermer la société dans les formidables mâchoires de son syllogisme : tous les miséreux se disaient mélancoliquement qu’il n’y a point de place pour eux au « banquet de la vie. »