Page:Reclus - L’Évolution, la révolution et l’idéal anarchique.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
l’évolution, la révolution

enserré lui donnent un avant-goût de la tombe et diminuent d’autant sa force pour la réaction.

Ceux qui sont marqués pour la mort n’attendent pas qu’on les tue : ils se suicident ; soit qu’ils se fassent sauter la cervelle ou se mettent la corde au cou, soit qu’ils se laissent envahir par la mélancolie, le marasme, le pessimisme, toutes maladies mentales qui pronostiquent la fin et en avancent la venue. Chez le jeune privilégié, fils d’une race épuisée, le pessimisme n’est pas seulement une façon de parler, une attitude, c’est une maladie réelle. Avant d’avoir vécu, le pauvre enfant ne trouve aucune saveur à l’existence, il se laisse vivre en rechignant, et cette vie endurée de mauvais gré est comme une mort