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l’homme et la terre. — iranie

Caspienne, puis, escaladant le plateau d’Iran, ils avaient envahi l’Atropatène, région de l’ancienne Médie. Plus au sud, ils occupaient aussi une grande partie des vallées de la haute Susiane. Enfin, les Akkad ou « montagnards », de même origine, étaient descendus dans les plaines de la Mésopotamie, où ils se rencontrèrent avec des populations de toute provenance, venues peut-être du sud et du sud-ouest et composées principalement de Sémites plus ou moins modifiés par d’autres éléments.

Sur les hautes terres de l’Iranie, les rivaux et combattants appartenaient en très grande majorité aux deux races aryenne et touranienne qui déjà cherchaient l’équilibre dans le groupement de leurs nations respectives ; le sud et l’est du plateau, de l’Arachosie à la province de Perse (Perside), étaient occupés par des populations aryennes, leur prépondérance diminuant dans la direction du nord-est. Un célèbre passage d’Hérodote (I, 101) énumère les six tribus (genes) des Mèdes, et de l’interprétation de leurs noms qu’ont tentée Oppert et Lenormant, il semble résulter que deux tribus, l’une spécialement désignée comme la « race des Aryens » et l’autre comme celle des Mages ou des « Meilleurs », étaient de même origine que le peuple perse ; mais les quatre autres divisions ethniques constituaient peut-être le fond « touranien » de la population rurale, partagée en deux groupes, agriculteurs sédentaires et pasteurs nomades[1]. Il y a vingt-six siècles, la région des hautes terres, comprise entre le versant de l’Araxe et le plateau d’Iran, était encore habitée par des populations non mélangées d’Aryens. On peut donc jusqu’à un certain point symboliser l’antagonisme des Touraniens et des Aryens qui habitaient le plateau d’entre Caspienne et mer d’Oman par la lutte séculaire entre ces deux fractions d’une même famille, Mèdes et Perses.

Dans la version médique des inscriptions gravées par ordre des souverains akhéménides, tous les mots du langage politique et administratif sont directement empruntés à l’idiome aryen des classes supérieures, c’est-à-dire au perse (qu’il ne faut pas confondre avec le persan d’aujourd’hui, imprégné d’arabe depuis la conquête mahométane); mais la masse du peuple asservi, au nord-ouest du plateau d’Iran, continua longtemps de parler la langue non aryenne, et les rois de Perse eurent

  1. Fr. Lenormant, Les premières Civilisations, tome II, p. 489 et suiv.