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régime du nil

fleuve jusqu’au pied des coteaux. Le Nil appuyant sur sa droite, c’est surtout sur la rive occidentale que l’on constate cette inclinaison de la plaine ; un canal d’égouttement accompagne le fleuve sur plus de 500 kilomètres de longueur. Aux basses eaux, pour l’irrigation artificielle,
châdûf des bords du nil
il suffisait de soulever l’eau par-dessus les berges ; on se contentait de vases ou de paniers solidement tressés que soulevaient de gradin en gradin des leviers manœuvres à bras ; c’était exactement le même procédé que celui des châdûf, employés encore tout le long du Nil par les pauvres fellâhin. La science de l’hydraulique n’était pas encore assez avancée, aux temps des Pharaons, pour que l’on pût construire en amont du delta un barrage pareil à celui qui règle maintenant le débit des branches fluviales en relevant de 4 mètres le plan d’eau ; de même les Egyptiens ne pouvaient songer à l’œuvre colossale, actuellement accomplie, consistant à donner un régime fixe aux eaux de la Nubie par le barrage de la première cataracte ; d’ailleurs les seuils étant plus élevés à cette époque, la nature avait partiellement réalisé ce que le travail de l’homme parfait aujourd’hui.

Mais il est une œuvre des ingénieurs égyptiens que jusqu’à nos jours les savants modernes n’ont pas su restaurer : c’est le lac Mœris, la « mer en entier creusée et faite de main d’homme », dont le péri-