Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
journal de la commune

gée sous le drapeau du pouvoir légitime qui seul peut lui rendre la paix, le travail et la liberté !

« Du reste l’heure est pressante. Ce n’est pas seulement la honte et la ruine, c’est le retour offensif de l’étranger, c’est la fin de la France, qu’amènerait certainement la prolongation de cette situation violente. Nous avons le ferme espoir qu’enfin elle touche à son terme.

« Malgré les calomnies dont elle est l’objet, l’Assemblée poursuit avec impartialité la délibération de la loi municipale ; elle ne cherche pas dans la sédition un prétexte pour ajourner le retour légal de Paris au droit commun. Comme le reste de la France, Paris devait jouir de ses franchises municipales ; il en jouira. Mais il reconnaîtra que ces franchises ne seraient qu’un instrument de tyrannie si elles n’étaient pas contenues dans les limites de la loi, et si les pouvoirs publics n’exerçaient pas, à Paris comme dans tout le pays, leur légitime autorité. »

Mercredi, 12 avril.

Des citoyens qui faisaient naguère partie de l’armée française, nous ont fait savoir par affiche (7 avril) :

« Un conseil de guerre siégeant à Versailles vient de condamner à mort les officiers et les sous-officiers qui ont refusé de faire feu sur le peuple ».

L’Officiel de Versailles annonce :

« Quelques hommes reconnus pour appartenir à l’armée et saisis les armes à la main ont été passés par les armes, suivant la rigueur de la loi militaire qui frappe les soldats combattant leur drapeau ».

Ceci veut dire que M. Thiers, devenu grand prévôt de l’armée interdit aux soldats sous ses ordres de savoir que nous sommes en guerre civile ; il leur est enjoint de supposer qu’ils font la guerre à des étrangers. La preuve pour le soldat qu’en marchant à l’armée de Versailles, il n’a pas de Français devant lui, mais des envahisseurs du dehors, venus du Mexique ou de Cochinchine, c’est, que si le cœur lui manque pour attaquer à la baïonnette son père ou son frère, il sera traité comme déserteur, c’est à dire fusillé. Il sera fusillé comme traître si, abandonnant le drapeau tricolore des bourgeois, il rejoint le drapeau rouge des républicains. Six balles dans la tête, voilà les arguments.