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journal de la commune

et voilà M. Chaudey qui entre comme subalterne dans le cabinet Jules Simon.

Et c’est en cette qualité de suppléant de Jules Ferry, que le 22 janvier, jour funeste, le début de notre guerre civile, Chaudey, le proudhonien, Chaudey, Chaudey responsable de l’Hôtel de Ville ce jour-là, et seul responsable des ordres qu’il avait acceptés, a ordonné la fusillade que les mobiles bretons ont ouverte sur la foule. La première main qui, depuis le 2 décembre, a plongé sanglante dans la poitrine de la malheureuse France est celle de Gustave Chaudey.

Lorsque les élections du 26 mars eurent donné une imposante majorité à la Commune, tant que M. Chaudey put espérer que son petit dada politique, le coupillage de la France en deux cents Cantons suisses, serait accepté par les décentralisateurs de l’Hôtel de Ville, M. Chaudey, se rallia à la Commune et lui apporta l’appui du puissant Siècle. Mais dès que de grandes fautes tombant sur de grandes difficultés eurent été suivies de grands revers, M. Chaudey se rappela que la légalité apparente est du côté de Versailles, et fit à la Commune une opposition violente qui ne parut pas à tous être de bonne foi.

Dans ces circonstances, l’arrestation de Gustave Chaudey nous déplaît par bien des raisons, et nous la croyons une faute de plus ajoutée à beaucoup d’autres. La Commune a eu tort de raviver les souvenirs irritants du 22 janvier, et ses ennemis ont beau jeu quand ils prétendent que si Chaudey est à Mazas, c’est comme journaliste opposant, et non comme fusillard du 22 janvier.

Paris, 15 avril.

L’intervention auprès du Gouvernement versaillais de la Ligue républicaine nous est connue aujourd’hui par le récit des délégués et par celui de M. Thiers. Les deux récits s’accordent sur le point essentiel : l’insuccès complet de la démarche. Pour le reste, les deux narrations diffèrent notablement. De quel côté est la vérité ? Il est inutile de le dire pour quiconque connaît la franchise et la sincérité de M. Thiers.

La Ligue Républicaine demandait en premier lieu le maintien de la République et son fonctionnement sincère que l’Assemblée n’a pas voulu reconnaître officiellement,