Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
172
journal de la commune

exil, je l’ai nourrie, bercée durant les six mois de siège, au péril de ma vie, au prix de ma liberté… »

Les victimes de la Commune sont courroucés de « ce qu’ils appellent une désertion ». Il ne s’agit pas, disent-ils de sauvegarder la légalité, mais de sauver la Commune.

« Aujourd’hui, il n’y a plus de légalité, nous sommes en révolution », s’écrie l’Affranchi, journal de Paschal Grousset. À la Commune même, un jobard du nom de J.-B. Clément est allé jusqu’à demander l’arrestation de Pyat ; mais Pyat se laissera fléchir.

Pyat rentrera sans doute, mais Rogeard ne rentrera pas, ni Briss, qui proteste aussi. L’acte illégal qui soulève tant de protestations contre la Commune ne lui vaudra que six membres de plus. Menotti Garibaldi ne viendra pas siéger et Cluseret a double nomination. En sus de Cluseret, les deux seuls élus nouveaux de quelque marque sont Courbet et Longuet. Pour avoir l’appui officiel de ces trois hommes, valait-il la peine de se mettre dans son tort ?

— Eh bien ! que fait la Commune des six derniers candidats qui n’ont pas eu la moitié des votants plus un ?

— Ils sont perdus et perdus définitivement, car il ne sera pas procédé aux réélections, la Commune n’ose plus en affronter de nouvelles. — Que de fautes dans cette seule affaire, que d’imprévoyance et de maladresse, que d’accrocs à la logique et aux droits des électeurs ! — Et, après avoir subi cet échec sérieux, la Commune ajoute à tous ses torts en se mettant de propos délibéré dans l’impossibilité de les réparer.

Et, cependant, la Commune aurait eu grand besoin de se fortifier par les élections nouvelles. La Commune siégeant à l’Hôtel-de-Ville est manifestement au-dessous de sa tâche. Elle manque de sujets, comme disait naguère le délégué Arnold, et, comme on fait toujours en pareil cas, elle s’embarrasse d’une foule de sujets qui ne la regardent pas, la critique ou la suspension des journaux par exemple. Les « sujets » sont généralement médiocres, donc ils réclament l’omnipotence ; obligés d’improviser ce qu’ils ignorent, ils prononcent dictatorialement sur des difficultés dont ils n’avaient qu’à ne pas s’occuper. Ils se déjugent, font, défont et refont. Les attributions de leurs commissions paraissent trop flottantes, les mêmes personnages vont de l’une à