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journal de la commune

La droite est mécontente de M. Thiers. Elle lui reproche d’avoir manqué son coup le 18 mars, de n’avoir pas encore réduit Paris, d’avoir dans ses conseils MM. Picard, Favre et Simon, coupables non pas d’avoir trahi la France par leur lâcheté et leur incapacité, mais coupables d’avoir usurpé le pouvoir sur les Bonaparte et de ne l’avoir pas restitué à Henri V, soit directement, soit indirectement, par l’intermédiaire de quelque nouveau plébiscite. Les yeux jaloux de la droite ont scruté tous les fonctionnaires dans tous les coins et recoins de la République et prétendent avoir découvert quelques républicains oubliés dans des cantons reculés. M. le Duc d’Audiffred-Pasquier en prétend avoir découvert plusieurs cachés dans des bureaux de bienfaisance ; on affirme qu’il en existe encore parmi les employés de préfecture, et même parmi les substituts et procureurs : il est indiscutable que tous les maitres d’école et gardes champêtres ne sont pas encore dans la main de leurs curés. La droite s’irrite contre M. Thiers de ce qu’il n’ait encore payé son denier de Saint-Pierre qu’en monnaie de singe, avec force compliments et vagues protestations, mais non point encore avec une bonne déclaration engageant la France dans quelque sottise non pareille. La droite, nous raconte Le Temps versaillais, « travaille à obtenir de M. le chef du gouvernement une petite expédition de Rome diplomatique, à savoir la défense faite au Ministre de France de suivre le gouvernement de Victor-Emmanuel lorsqu’il quittera Florence. Une jolie vieille petite France bien remise à neuf, tirée toute rajeunie de l’armoire aux antiques, une France vouée au blanc… Voilà ce que la droite a imaginé de mieux pour nous aider à tenir notre rang entre l’Allemagne et l’Amérique, pour nous mettre en état de jouer notre rôle dans la grande mêlée des nations modernes ».

Surtout, la droite ne peut entendre sans une sourde irritation M. Thiers affirmant de son air le plus candide à une députation des pacificateurs qu’il ne complote nullement contre la République et que la République subsistera, tant que lui, Thiers, sera Président de la République. L’Espérance du Peuple, journal légitimiste de Nantes, perd enfin toute patience :

— « Non, il faut le dire hautement : M. Thiers n’a pas été