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journal de la commune

la douleur que j’éprouve en vous voyant victime de cet affreux système des otages, emprunté au régime de la terreur, et qui semblait ne devoir jamais reparaître chez nous.

Versailles, le 4 avril 1871.
Le Président du Conseil,
Thiers.

Avec la sincérité de laquelle M. Thiers ne s’est jamais départi, nous devons croire que Flourens et Duval n’ont pas été fusillés par le général Vinoy. Il est absolument faux que trois gardes nationaux ont été fusillés publiquement à Chatou par ordre du général de Galliffet qui s’en est vanté hautement. Toutefois, nous prenons acte du démenti de M. Thiers pour ce qu’il vaut, et nous enregistrons sa déclaration itérative à laquelle il restera fidèle « quoi qu’il arrive » que tous les hommes égarés qui, revenus de leurs erreurs déposeraient les armes, auront la vie sauve, à moins qu’ils ne soient judiciairement convaincus de participation à l’abominable assassinat des généraux Lecomte et Clément Thomas.

Mais, en dehors de la dénégation absolue que les généraux Duval et Flourens aient été fusillés le moins du monde, que répond M. Thiers à la modeste supplique de l’archevêque de Paris pour être échangé contre Blanqui ? C’est le point vital, mais M. Thiers n’y a pas même fait allusion dans sa lettre tirée à quelques cent mille exemplaires.

M. Lagarde se permet timidement de rappeler cet oubli à M. le Président du Conseil.

M. le Président du Conseil fait pressentir à Monsieur le Premier Vicaire Général que M. Lagarde commence à devenir importun.

— Le Vicaire fait un dernier effort en faveur de son patron. « Cependant, veuillez prendre en considération, M. le Président, la situation particulière de sa grandeur, détenue comme otage par les abominables insurgés qui pourraient vouloir se venger sur Monseigneur des sanglants échecs que ne manquera pas de leur infliger l’armée de l’ordre… »

— « Bah ! c’est là un crime que la Commune n’osera