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journal de la commune

espèce, de fragments de vitres brillant au soleil. Des arbres avaient été cassés comme joncs, des branchages hachés gisaient sur le sol pêle-mêle avec des débris de bancs et de réverbères, des fragments du granit des trottoirs. Aux alentours de la Porte Maillot qui, depuis la fameuse attaque du dimanche matin, jour des Rameaux, est restée le point de mire des Versaillais, une trombe enveloppant le quartier eût fait moins de dévastations. Criblées de bombes, les maisons s’effondrent ou se sont effondrées, la gare n’est qu’un abattis de ruines ; par les béantes parois du château de l’Etoile s’échappent le toit, des poutres, des couches de parquets : on dirait les entrailles s’échappant d’un ventre entr’ouvert.

À l’Arc de Triomphe, orgueilleux monument des trompeuses victoires et de la terrible défaite de la France, conduite par cet affreux malfaiteur Napoléon Ier, je comptais les coups d’obus, étoiles noires sur les parois dures comme roc, à peine entamées. Le groupe L’Invasion de 1814 apparaissait, vision terrible, réalité vivante et lugubre. L’homme, le père, avait été frappé en pleine poitrine par un boulet français, la mère avait été blessée elle aussi, et, d’un geste désespéré, elle tendait son pauvre enfant avec une entaille dans le cou, son enfant égorgé.

À l’Assemblée Nationale et à la Commune de Paris,

Citoyens,

Délégués du Conseil municipal de Lyon, nous n’avons pu voir sans une profonde douleur se prolonger la lutte sanglante entre Paris et l’Assemblée de Versailles. Nous sommes accourus sur le champ de bataille pour tenter un effort suprême de conciliation entre les belligérants.

Où est l’ennemi ? Pour nous, il n’y a parmi les combattants que des Français. Nous intervenons entre eux au nom d’un principe sacré : la Fraternité.

Nous trouvons en présence deux pouvoirs rivaux qui se disputent les destinées de la France : d’un côté, l’Assemblée nationale dans laquelle nous respectons le principe du suffrage universel ; de l’autre, la Commune qui personnifie