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journal de la commune

Vendredi, 28 avril.

Peuvent-ils prétendre sérieusement au titre d’homme d’État ces personnages qui nous gouvernent ? Par leurs sottises et leurs maladresses, ils nous entraînent dans la guerre civile, et, quand elle est déclarée, ils font tout ce qui est en leur pouvoir, non pour la faire cesser, mais pour en augmenter les horreurs. Penchés sur le corps saignant de la France, ils fourrent les poings dans ses plaies, les déchirent à nouveau, les élargissent et y versent du vitriol.

Prenant à peine un jour de répit, MM. Thiers et Favre ont, dès le 12 avril, réédité chacun une nouvelle circulaire.

M. Favre a prononcé un nouveau réquisitoire historico-poétique contre Paris, dans une brillante pièce de style qui lui aurait valu certainement un premier prix de rhétorique au concours des Lycées ; il a institué une comparaison de la Terreur de 1793 avec la Terreur de 1871.

« Ce serait faire trop d’honneur à l’insurrection que de la comparer même au régime de 1793.

En 1793, au fond des âmes les plus féroces, il y avait l’amour de la France, le culte de la patrie. Les proscriptions étaient terribles, mais c’étaient des hommes dévoués à l’unité nationale qui proscrivaient des hommes soupçonnés de s’entendre avec l’étranger et de rêver fédéralisme en présence des armées ennemies.

Aujourd’hui ce sont des fédéralistes de la pire école, des amis de l’étranger, eux-mêmes en partie étrangers, qui proscrivent l’unité française.

En 1793, la Terreur n’était qu’un moyen, la victoire était le but.

En 1871, la terreur est à elle seule le but de ceux qui l’appliquent, ou bien, si elle est un moyen, c’est le moyen d’assurer le pillage et de protéger l’assassinat.

En 1793, la Commune et la terreur étaient sorties, comme par explosion, des susceptibilités nationales, exaspérées par les résistances intérieures, surexcitées par les dangers du dehors.

En 1871, la Commune et la terreur, se produisant au lendemain de nos désastres, pour souscrire obséquieuse-