Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
journal de la commune

ment au traité de paix, ne sont que la révélation d’un guet-apens prémédité à froid par des condottières sans patrie.

« Ces partisans de la lutte à outrance épiaient la fin des hostilités pour sortir de leur embuscade. Hardis seulement contre la France, ils n’osaient se montrer en face de l’ennemi pendant le siège ; mais ils étaient trop impatients d’user de leurs armes contre leurs concitoyens pour attendre, avant de commencer la guerre sociale, que les Prussiens eussent quitté Saint-Denis.

« Ces partisans de la République une et indivisible veulent séparer les villes des campagnes, distraire Paris de la France, diviser l’État en une multitude d’États, constituer, en un mot, une sorte de féodalité par en bas.

« Le second empire avait déjà détruit au dehors l’œuvre trois fois séculaire de François Ier, de Henri IV, de Richelieu et de Mazarin. L’Europe, dont il faisait ainsi les affaires, ne lui cherchait pas querelle ; elle lui permettait d’avoir, à ce prix, des victoires.

« La Commune de 1871 renchérit encore sur cette politique antifrançaise.

« Il ne lui suffit pas que, par la création définitive de deux unités nationales sur nos frontières, la France ait été replacée dans la situation où elle était au seizième siècle, et qu’un traité inévitable ait fait reculer nos limites au delà non seulement du traité de Westphalie (1648), mais même du traité de Cateau-Cambrésis (1559).

« La Commune de 1871 trouve la France telle qu’elle est encore trop forte ; elle remonte encore plus haut dans l’histoire pour y rechercher le type de l’abaissement national : son idéal, c’est la France du onzième siècle.

« Plus elle serait morcelée, plus il y aurait de communes.

« Ainsi, au moment où l’Italie et l’Allemagne ne veulent plus de la Confédération, on ose proposer à la France de reprendre, pour son propre compte, cette déplorable forme politique : on veut qu’elle renie tout son passé !

« L’insurrection de 1871, qui s’attache à copier 1793, ne manque pas de prodiguer à l’armée française, qui défend la patrie et la République, les épithètes de chouans et de Vendéens ; mais c’est elle qui est une véritable chouannerie démagogique, une Vendée socialiste !