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journal de la commune

faire usitées dans les Abruzzes et dans les montagnes du Péloponèse.

« Comment caractériser autrement des gens qui, sous prétexte d’opposition politique, arrêtent comme otages les femmes et les enfants, qui ferment les issues de la ville pour en faire une vaste souricière, qui incorporent de force les passants dans leur bande, qui font de chaque coin de rue une embuscade ?

« L’antique peine du talion, les vieux codes barbares sont dépassés par le banditisme qui, sous le nom de Commune, se donne carrière dans Paris.

« La ville la plus civilisée, la plus brillante, la plus aimable du monde est devenue comme un lieu pestiféré, d’où chacun cherche à s’enfuir. Les malheureux qui ne peuvent échapper sont réduits à invoquer, sur le sol de la patrie, l’appui des puissances neutres : ils vont demander asile aux consulats étrangers, et il en est maintenant de la capitale de France comme de ces lointains pays de l’Orient où il faut des capitulations pour protéger les Européens contre la barbarie des coutumes locales et les atrocités des indigènes ».

Infiniment plus habile que son collègue Favre, M. Thiers commence par crier victoire avant la bataille. C’est pour mettre les lâches de son côté, car il sait fort bien que les lâches, en immense majorité, toujours font les gros bataillons qui finissent par avoir raison :

Versailles, 12 avril. 5 h. 30 du soir.

Président du Gouvernement, chef du pouvoir exécutif à préfets, généraux de divisions territoriales, procureurs généraux, trésoriers payeurs généraux, et toutes les autorités civiles et militaires :

« Ne vous laissez pas inquiéter par de faux bruits, l’ordre le plus parfait règne en France, Paris seul excepté. Le gouvernement suit son plan et il n’agira que lorsqu’il jugera le moment venu.

« Jusque-là les engagements de nos avant-postes sont insignifiants. Les récits de la Commune sont aussi faux que ses principes. Les écrivains de l’insurrection prétendent qu’ils ont remporté une victoire du côté de Châtillon. Opposez un démenti formel à ces mensonges ridicules.