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journal de la commune

tien de la République ? Mais elle existe, cette République ; la République, c’est l’Assemblée, c’est vous, nobles représentants, c’est moi, votre humble admirateur. On vous soupçonne de complot, d’arrière-pensée contre la République — pardon, contre l’institution actuelle — cette Assemblée si sage et loyale ! quelle horreur, quelle infâme calomnie ! Je donne à l’insurrection le démenti solennel, quand elle ose prétendre que l’on conspire ici contre le fait actuel, contre le Gouvernement d’aujourd’hui. Demain, ce soir peut-être, quand nous nous serons débarrassés des républicains qui nous gênent le plus, vous pourrez tout à votre aise tuer la République, mais en attendant, je dis qu’ils en ont menti par la gorge, ceux qui vous accusent du moindre dessein, du moindre complot contre le fait actuel, contre le fait provisoire, vous m’entendez bien !

« Je dis à vos adversaires : Vous avez l’impudence de prétendre que l’Assemblée n’est pas libérale ? — Mais je suis libéral, moi, chacun sait ça, et cependant, il s’en faut que je sois autant libéral que la plus libérale des Assemblées qui vient de confectionner la plus libérale des lois municipales qu’on ait encore présentée à l’appréciation des connaisseurs !

« Je m’interroge donc moi-même… Quand je suis obligé de donner des ordres, des ordres — j’ai peine à trouver l’expression, des ordres non pas cruels, mais enfin les ordres qu’on donne à la guerre, même quand ils sont dirigés contre l’étranger — des ordres qui doivent faire frémir le cœur de l’honnête homme… j’ai besoin de me demander si j’ai raison, si j’ai le droit de mon côté… (murmures) Rassurez-vous, c’est simple figure de rhétorique, je ne doute nullement de ce droit. Mais il y a des moments où ma conscience tourmentée, déchirée, se demande si le droit est vraiment de notre côté (nouveaux murmures).

« Messieurs vos murmures réitérés me font manquer un effet oratoire. Ils montrent combien est épaisse la matière dont se compose la majorité rurale, ils m’avertissent que pour flatter vos narines il ne faut pas leur faire flairer un parfum délicat, mais les emplir de l’encens le plus grossier. Rappelez-vous donc comment j’ai, l’autre jour, expédié les francs-maçons. Je les ai ébaubis en leur déclarant que je me souciais de trouer leurs maisons et leurs carcasses autant