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journal de la commune

Gouvernement conservateur en s’engageant ainsi dans une voie qui n’est pas la sienne, ne s’engage pas dans une immense sottise. Il ne suffit pas de crier : « Qui n’est pas avec moi est contre moi », il faut encore être assez fort pour se passer des services de toute la multitude qui ne peut pas vous suivre ; il faut être assez fort pour punir cette nombreuse catégorie de gens qui n’ose point vous suivre. Le Gouvernement de Versailles rend peut-être un grand service à la Commune de Paris en la débarrassant tout d’un coup des ennemis traditionnels, des routiniers en place, des crétins influents, des tièdes faisant masse, des inertes effondrant à la fois la route et le char sous leur effroyable poids. Que de places à donner, que d’intérêts nouveaux, que de fortunes pourront désormais se lier à la destinée de la Commune de Paris ! Le Gouvernement de Versailles arrache et emmène les vieux, les repus, les ramollis ; lui-même fait place nette pour les jeunes du Comité Central. Le décret que le Comité n’aurait jamais osé lancer dans le journal officiel, bravement Thiers le signa et Favre le contresigna.

On offrait une transaction : le service des correspondances étant une œuvre d’intérêt commun, d’utilité absolument collective aurait été mis à part, considéré comme terrain neutre et strictement international. M. Rampont s’est montré satisfait des ouvertures, il a goûté les propositions, discuté les mesures, conclu les engagements, et quand il ne s’agissait plus que de les exécuter, on a trouvé l’Hôtel des Postes vide, il avait déménagé, emmenant les employés, emportant les timbres, les griffes, les timbres-poste… C’est le Gouvernement de l’ordre qui organisait lui-même le désordre le plus complet, qui jetait toutes les relations de Paris avec Paris, avec la France et tout le reste du monde dans un trouble indicible. Nous sommes de nouveau sans nouvelles aucunes de nos familles, de nos affaires, de nos intérêts, des événements généraux ; nos lettres sont interceptées. Paris ne reçoit plus aucun journal. Les gendarmes du Gouvernement vont jusqu’à enlever et lacérer les exemplaires de l’Officiel Versaillais qu’on voudrait introduire… Que de mensonges, que de calomnies vont être débités maintenant aux provinciaux naïfs, que d’histoires épouvantables, de vilenies et d’insanies, de pillage et