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journal de la commune

« La fusillade entre frères et amis a duré environ dix minutes.

« Le pillage s’exerce sur une grande échelle et dans tous les quartiers.

Toujours du Gaulois.

« On se bat à Belleville. Le décret de la Commune pour la levée des hommes de 17 à 35 ans et leur incorporation forcée dans les bataillons de guerre aurait armé les citoyens récalcitrants au décret de la Commune.

« Il est certain qu’il y a dissidence aujourd’hui entre les dissidents.

« À Belleville, deux bataillons sont aux mains, l’un pour la Commune qui veut continuer la lutte, l’autre contre.

« L’aspect de Paris est navrant. On ne sait rien de ce qui se passe à Versailles ou sur les champs de bataille ; mardi soir, on n’avait aucun détail sur les faits et actes des bataillons qui avaient quitté Paris pour marcher sur Versailles. On était très inquiet. Cependant l’opinion générale était que si l’armée communale avait été victorieuse, de nombreuses affiches auraient porté le bulletin de victoire à la connaissance du public.

« Une portion de la population féminine, — quelle portion ! est très surexcitée ; dans certaines rues des quartiers Lamartine, Breda, etc., on voit des femmes le fusil en bandoulière ou sur l’épaule. Il y en a en faction, à la porte de Passy.

« D’autres, en grand nombre, attendent aux portes, hurlant, criant après leurs maris, partis dans les rangs des bataillons de marche.

« Tout ce spectacle est navrant.

« — On rapporte aussi que douze ou quinze cents malheureuses femmes d’anciens sergents de ville auraient été arrêtées dans les quartiers du Temple, Belleville, Charonne, Ménilmontant, la Villette et Montmartre. Elle ont été écrouées en masse. Savez-vous ce qu’on prétend faire de ces malheureuses ? Un pare-balles versaillais.

« Ces infortunées et innocentes victimes sont condamnées, paraît-il, à former l’avant-garde de la grande armée insurrectionnelle qui parle de marcher de nouveau sur Versailles.