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journal de la commune

jouissaient du haut du Mont-Valérien de ce grandiose et terrible spectacle : Paris bombardé !

« Paris, racontait le reporter, Paris gisait à nos pieds, entouré d’un cercle de fer et de feu. Du haut de toutes les positions d’où l’armée de Versailles menace son enceinte, la foudre s’abattait sur ses murailles, dans ses rues, sur ses boulevards. Ici, elle allumait quelque maison criminelle, là elle écrasait quelques troupes fratricides. Et, par les cent bouches de ses batteries, la cité rebelle répondait, mais d’une voix qui va s’affaiblissant d’heure en heure »…

« Nous avons rencontré là plusieurs députés, M. Limperani de la Corse, MM. Langlois et Tirard députés de Paris, etc., ces Messieurs étaient presque tous porteurs de leurs insignes de représentants du peuple : nœud de ruban tricolore à la boutonnière »…

Ces bombes de l’ordre qui vont allumer des maisons criminelles et écraser des bandes de gardes nationaux fratricides, nous remettent en mémoire les pompeuses circulaires du véridique M. Thiers racontant aux provinciaux crédules : « il est faux, absolument faux que nous fassions tirer sur Paris. Ce sont les Communards qui font un énorme tapage d’artillerie pour faire accroire qu’ils sont capables de livrer des batailles ».

Nous sommes en veine de souvenirs. En 1840, lorsque le madré Thiers et le sournois Louis Philippe se mirent en tête de fortifier Paris, les avisés craignirent que cet embastillement n’eût été résolu pour mater Paris plutôt que pour le défendre :

Saisi d’indignation, Thiers protesta avec le courroux d’un honnête homme :

« Quoi ! imaginer que des ouvrages de fortification quelconque peuvent nuire à la liberté ou à l’ordre, c’est se placer hors de toute réalité. Et d’abord, c’est calomnier un gouvernement, quel qu’il soit, de supposer qu’il puisse un jour chercher à se maintenir en bombardant la capitale. Quoi ! après avoir percé de ses bombes la voûte des Invalides ou du Panthéon, il se présenterait à vous pour vous demander la confirmation de son existence ! Mais il serait cent fois plus impossible après la victoire qu’auparavant ! »

Autre souvenir, M. Thiers s’exprimait ainsi en janvier 1848 :