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journal de la commune

dans l’armée et la magistrature, princes de la science, qui ne représenteriez, à en croire ces fâcheux, que des intérêts ruraux, et cela au lendemain du jour où vous avez accordé les libertés municipales à la France aussi bien qu’à Paris… »

M. Baze demande donc au Gouvernement deux choses : tout d’abord de flétrir ces misérables qui osent vouloir arrêter l’effusion du sang français, et ensuite, pour le cas où ledit Congrès passerait de la menace à l’exécution, de réprimer les scélérats par l’éclair et la foudre. Picard, l’intègre et tant libéral ministre Picard, abonde, au nom de son patron, M. Thiers, dans la juste indignation du compère Baze : « Jamais, je le dis bien haut, tentative ne fut plus criminelle… Les prétendus républicains qui s’affilient à je ne sais quelle ligue sont des factieux… C’est en présence des étrangers qui foulent notre sol qu’ils s’attaquent à l’unité nationale… Le jour où les délégués des villes prétendraient se réunir en congrès, ils seraient des usurpateurs. Ils ne doivent donc trouver la moindre indulgence… Le gouvernement usera de tous les moyens en son pouvoir pour arrêter leurs menées, et si ces moyens ne suffisaient pas, vous lui en donneriez d’autres… Ils sont avertis : l’Assemblée les condamne et le Gouvernement veille ! » « Ces gens-là sont fous ! » s’écriait, il y a un mois déjà, le représentant Floquet, en donnant sa démission. Préparer la paix, c’est un attentat ; parler de conciliation, c’est un forfait. Réfléchissez donc à cette effrayante possibilité : Si les infâmes pacificateurs réussissaient !

On croyait la gauche disparue dans le naufrage, coulée au fond de la mer, — mais voici tout d’un coup un député de Paris dont la tête surgit au-dessus des eaux, M. Quinet ; il reparaît même accompagné du citoyen Tolain, une des notabilités de l’Internationale… « Quinet, salut ! Savez-vous ce qu’est devenu notre pauvre ami Louis Blanc ? »

Quinet ne répond pas. Il s’adresse à l’Assemblée avec une politesse exquise. Il lui fait des remontrances avec une modération vraiment excessive. « Les villes, dit-il, ne sont pas représentées. On sait que les villes ont toujours combattu l’Empire. Le gouvernement bonapartiste s’est donc acharné à neutraliser leur influence, pendant vingt années de sa toute-puissance, et il a savamment travaillé. Les