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journal de la commune

drait. Il a refusé de s’expliquer devant l’Assemblée sur ses idées et ses projets pour la pacification ; il les proclamerait larges et libérales et honorables pour tous, devant le pays, il chercherait son point d’appui, non plus dans la loi étroite, non plus dans cette droite conspiratrice, mais dans l’opinion et dans le droit. Il permettrait, il assurerait aux Congrès des conseils municipaux leur expression et leur expansion. Pour intermédiaire entre Paris et Versailles, il réclamerait, il imposerait la France.

Mais hélas ! M. Thiers… n’est que M. Thiers.

Et pourquoi, le chef du Gouvernement, promet-il d’être clément, tandis que son Dufaure, Ministre de la Justice et des religions, promet d’être inflexible et impitoyable ?

Samedi, 13 mai.

Notre législateur, M. de Gavardie, celui-là même qui met le dogme de l’immortalité de l’âme sous la protection toute spéciale des sergents de ville, vient de déposer un projet de loi pour punir de mort ceux qui pratiquent des mines pour faire sauter des établissements publics et ceux qui feraient sauter par la mine des propriétés particulières.

L’Assemblée à la presqu’unanimité s’est hâtée de déclarer l’urgence. On demande pourquoi ?

C’est pour intimider les gens de la Commune qui pourraient vouloir faire sauter la maison de M. Thiers. Très probablement pour les premiers, nul n’a songé à employer la poudre quand des pioches et des cabestans suffisent. Pour protéger également les nippes de M. Thiers, l’Assemblée a voté une loi toute neuve, punissant de peines particulièrement rigoureuses les vendeurs ou acheteurs d’objets dilapidés dans Paris, la prescription ordinaire ne vaudra plus dans le cas particulier. Cette loi sera sans doute inutile, car tous les livres et objet d’art sortant de l’hôtel Thiers sont envoyés aux musées et le linge et autres effets aux ambulances.

M. le comte Jaubert, qui sait de science certaine qu’avant huit jours la ville de Paris tout entière sera à la discrétion de l’Assemblée, s’inquiète déjà des châtiments qu’il faudra infliger aux coupables et malfaiteurs. Il craint, l’excellent homme, que les punitions ne soient pas assez nombreuses