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journal de la commune

de l’élection de la Commune par deux cent quarante mille votants, M. Prax fait sonner bien haut que Paris ne saurait avoir de municipalité élue ; qu’une ville, de deux millions d’habitants ne saurait avoir les mêmes prérogatives qu’un hameau de cinquante imbéciles. Car il n’y a qu’une justice égale pour tout le monde.


Mercredi, le député Prax, ex-bonapartiste, aujourd’hui légitimiste immaculé, prenant le silence des représentants de Paris pour de la couardise, les accuse aussi maladroitement que possible d’être les ambassadeurs de l’émeute. Tirard, ex-maire de Paris, proteste qu’ils ont, tout au contraire, combattu l’émeute… Silence des autres députés.

M. Prax reprend pour gourmander le Gouvernement de n’avoir pas appliqué avec une rigueur suffisante la loi contre les étrangers.

Picard affirme que, ces malfaiteurs-là, il les traquera en conscience, et qu’il ne se sent au cœur aucune indulgence pour leurs amis. Et il termine par la communication d’autres « heureuses nouvelles » de Marseille.

Jeudi, reprise de la discussion sur la loi municipale. M. Léon Say, un des premiers ténors du libéralisme, réclame qu’on soit électeur dans n’importe quelle bourgade de France, mais qu’on ne le soit à Paris qu’au bout de quatre à cinq années. Toujours au nom du droit commun.

Les représentants de Paris ne jugent pas à propos d’interpeller le Gouvernement sur les massacres des belligérants de Paris, faits de sang-froid par les généraux Vinoy et Gallifet. Et cependant M. le Ministre de la Justice venait les y provoquer en quelque sorte par la présentation d’une loi nouvelle sur les Cours martiales.

Le Rappel :

« On sait à quel point la justice militaire est déjà expéditive ; elle abrège l’instruction, écourte la défense, se passe volontiers de preuves et de témoins quand elle n’a pas sous la main témoins et preuves, et, donnant à la passion toute latitude, n’accorde aucun délai à la réflexion.

Eh bien ! le Ministre de la Justice de Versailles trouve cette loi trop lente encore. Le projet que M. Dufaure a