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journal de la commune

lors de la première Révolution et comme ce ne serait que trop facile aujourd’hui.

Et les autres se sont rappelé sans doute l’anecdote de Championnet, qui, apprenant que la population de Naples allait s’insurger contre les Français et renouveler les Vêpres Siciliennes, exaspérée qu’elle était par la non-fluidification du sang du bienheureux saint Janvier : « Calotins, vous avez vingt minutes pour avoir fait le miracle ou pour avoir été fusillés. » — On ne sait pas ce qui peut arriver : il ne faut pas trop irriter les seigneurs et maîtres de l’Hôtel de Ville.

Pâques, 9 avril.

Cluseret, le nouveau délégué à la guerre, arrête la désorganisation de la garde nationale. Deux de ses proclamations, celle d’hier surtout, produisent un effet merveilleux :

« Depuis quelques jours, il règne une grande confusion dans certains arrondissements. On dirait que des gens payés par Versailles prennent à tâche de fatiguer et de désorganiser la garde nationale.

« On bat la générale pendant la nuit. On bat le rappel à tort et à travers. En sorte que personne ne sachant plus auquel entendre, on ne se dérange même plus, et cette armée, espoir et salut du peuple, est à la veille de sombrer… Un tel état de choses ne saurait durer plus longtemps. En conséquence, la générale ne sera battue que par mon ordre…

« Ce n’est pas tout. Malgré mes ordres formels, une canonnade incessante diminue nos provisions, fatigue la population, irrite les esprits et amène d’un côté la lassitude, de l’autre la colère et la passion. En sorte que cette Révolution si grande, si belle, si pacifique, pourrait devenir violente, c’est-à-dire faible… Nous sommes forts, restons calmes !

« Je réitère l’ordre d’avoir à se tenir sur la plus stricte défensive (bravo Cluzeret !) à ne pas jouer le jeu de nos adversaires en gaspillant nos munitions et nos forces et surtout la vie des citoyens, enfants du peuple qui ont fait la révolution actuelle.

« Formez vite vos compagnies de guerre… de 17 à 19 ans le service est facultatif, de 19 à 40 il est obligatoire, qu’on soit marié ou non. (Ah ! voici une mesure décisive.)