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garçonnières.

à douze dans une chambre de vingt pieds carrés, pour manger, boire, travailler et dormir. Ne se distingueraient pas davantage par la somptuosité des demeures, les Dchouangs, qui, récemment encore, n’employaient que le silex pour armes et outils, n’avaient aucun mot pour le fer ou le métal. Les Dchouangs ou « Ceints de feuilles » couvrent aussi de ramures leurs huttes ; elles occupent une superficie qu’on assure ne pas dépasser cinq à six mètres carrés : pour nos fermiers, chenil médiocre, porcherie insuffisante. Encore se partagent-elles en deux compartiments : le garde-manger, le penum des pénates antiques, et le dortoir, où mioches et filles dorment sous les yeux des parents. — Les garçons ? Ils couchent ailleurs. Dchouangs, Gonds, Ouraons, Koukis, Nagas, nombre d’aborigènes qui habitent depuis les Vindhyas jusqu’aux monts Garos et Khassias, construisent des baraques[1] que nous appellerons des « garçonnières ». Y habitent les éphèbes qui se brimadent pour faire apprentissage d’homme ; y habitent aussi tous les adultes non mariés. C’est le plus beau, le spacieux bâtiment du village, le palladium et le sanctuaire de la tribu. On y garde les tambours, gongs, et tamtams, les reliques des ancêtres, les armes de prix, les trophées de chasse ; c’est aussi le prytanée où les étrangers et tous hôtes sont traités avec l’hospitalité généreuse qui distingue les peuples pauvres.

Quant aux filles, le plus souvent, elles couchent scus l’œil même des parents ; car elles sont une propriété de rapport, qui peut se vendre assez cher, si elle n’appelle les voleurs et ne s’enfuit avec eux. On les loge aussi chez des veuves. Les Khonds, Malers et Koupouirs ont des

  1. Appelées dhangar basa, djirgal, dchom herpa, doum couria, mandar ghar.