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xxxiv
PRÆFATIO.


usage, non seulement chez les Marseillois, mais encore chez les autres peuples des Gaules : ils appuioient leur sentiment sur l’autorité de César, qui assure qu’on avoit trouvé dans le camp des Helvétiens des tables écrites en lettres Gréques et qu’on les lui avoit apportées. Mais par ces lettres Gréques César n’entend pas la langue Gréque, mais seulement les caractéres Grecs, ou il se contredit lui-même : car si les Gaulois eussent sçu le Grec, et qu’ils se fussent servi non-seulement des caractéres, mais même de la langue Gréque ; pourquoi César envoie-t-il à Ciceron une Lettre écrite en Grec, de peur que si cette lettre est interceptée, les Gaulois ne connoissent ses desseins ? César en cet endroit se sert aussi de ces mots, lettres Gréques ; mais elles signifient nécessairement la langue Gréque ; au lieu que dans l’endroit précédent elles doivent s’entendre des caractéres Grecs. On cite un autre passage de César, où en parlant de la doctrine des Druides, il dit qu’ils croioient qu’il n’étoit pas permis de rien écrire de leurs Dogmes, au lieu que dans presque toutes les autres choses, et dans les comptes tant publics que particuliers, ils se servoient de lettres Gréques. Il est évident qu’il ne s’agit pas ici de langue, mais de caractéres, et qu’on oppose seulement la coûtume de ne rien coucher par écrit de ce qui concernoit la Religion, à la coûtume d’écrire les choses qui regardoient le Civil.


V.

De la Religion des Gaulois.

Je ne prétens pas traiter à fond la Religion des Gaulois : je n’en ai pas le tems, et cela n’est pas de mon sujet. Je n’avancerai rien que de certain, et je ne me livrerai pas aux conjectures. A cause que Diodore de Sicile, par