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PRÆFATIO.

Ixv

chacune. Noua n’examinerons que ceux qui ont apporté quelque changement dans la condition des personnes ou dans l’administration publique. Nous traiterons donc premièrement dea privilèges de commune, ensuite des privilèges de bourgeoisie, el enfin des anoblissemeus : toutes institutions nouvelles, qui prirent naissance dans les temps que nous parcourons. Mais auparavant il faut dire quelque chose de la servitude, puisque l’objet de ces institutions fut de l’abolir ou de la tempérer. 59. La servitude est aussi ancienne dans le monde que l’origine des sociétés. Mais la condition des serfs n’a pas été la même dans tous les temps ni dans tous les lieux. En France, les uns, appelés fiscalins, étoient attachés à la glèbe et taillables à volonté ; les autres, hommes de corps ou mainmorlablet, étoient tellement sous la dépendance du seigneur, qu’il béritoit de leurs biens, s’ils mouroient sans enfans (o). Leur condition à tous éloit telle, que le serf d’un fief ne pouvoit pas épouser une fille appartenant à un autre fief ; les enfans qui naissoient d’eux ne pouvoient être admis dans le clergé, si le seigneur ne les affranchissoit ;

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tinguiis immorari. Illa tantùm investigabimut, ex quibus mulatio aliqua inducla est sive in hominum conditione, siie in publica rei administratione. Ac primà quidem agemus de privilegiis communiarum, tum de privilegiis burgesiantm, denique de privilegiis communicata nobililatis : quorum adinvenlio et initium ad ea referenda sunt tempora qua illustranda suscepimus. Sed priùs delibandum aliquid de servitute, cui quidem abolendœ vel temperanda illis institutionibus provisum est. 59.tConsociationes hominum antiquitate sud exeequat serviludo. Ferùm non uequa semper et ubique fuit servorum conditio. In Francia, alii, glebœ addicti, fiscalini appellati sunt, quibus arbitrio suo ciomim’ tributa, vulgô tallias vel tollas, imperabant ; alii dedililii, hominescapitales, de corpore, ri capite censi etiam dicti, gallicè mainmortables, quorum post deeessum bona, si improles obiissent, in poteslalem heri transibant (a). Omnium ea erat conditio, ut absque venia dominorum suorum servi ancillts, vel ancilla servis alterius dominationis, mah imonio conjungi non Chartres. Ils ii’étoieni pas reçus non plus à rendre témoignage contre des hommes libres. Il arrivoit même qu un homme libre perdoit sa liberté, s’il épousoit une femme de condition serve, et s’il la gardoit plus d’un an. C’est ce qu’atteste Galbert dans la Vie de Charles-le-Bon, Comte de Flandre, au n.* ri ; et c’est à cette loi qu’il attribue le meurtre du Comte et les troubles sanglans qui désolèrent la Flandre après sa mort.

velarentur, antequam libertalem à dominis suis consecuti fuissent : de quo vide Ivonis Camot. epist. 147. Sed nec ad teslificandum el juri standum adversùs liberos homines idoiu ■ erant. Porrà ipsi quoque liberi homines, si ancillam sibi malrimonio copulassent, in servRutem recidebanl, teste Calberto ni Vita Caroli Boni Flandriæ Comitis, num. 12. Quictimque, inquit, secundùm jus Comitis ancillam liber in uxorem duxisset, postquair annuatim eam obtinuisset, non erat liber ; sed ejusdem condiiionis erat alfectus, cujus et uxor ejus. Ex qua quidem juris régula orlas narrai Calbertus cariiifices turbas quce Caroli necem subsecutæ sunt, el Flandrensem regionem toi cladtbus attrivere. GO. Cette condition des serfs occasionnoit sou- 60. Tam duram coiulitionem cvm imvent des soulèvemens dans le royaume ; c’est pour- j/atienter ferrent servi, et turbas identidem quoi l’on chercha à la rendre moins dure, comme nous l’avons dit, de plusieurs manières, ét premièrement par l’institution des communes. Guilrert de Nogent nous apprend ce qu’il faut entendre par ce mot, au livre 111 de sa Vie, chapitre 7. « La • commune, dit-il, invention nouvelle et funeste, • consiste, de la part des hommes de corps ou » censitaires, à payer au seigneur, une fois l’an, • la servitude feodale, et à supporter une amende • pour les délits contraires aux lois. Au moyen de • ce, ils sont exempts des autres exactions qu’on » a coutume d’imposer aux serfs. » Telle est la notion que nous donne des communes cet auteur contemporain, auquel le nécrologe de l’église de Quæ

serTorumcon-

diùo.

sur quoi l’on peut voir la lettre 147 d’Ives de _ gjossenl ; prognati ex eis filii clero adscribi e.Tcilarenl in regno, meliorandæ eorum coiiditioni pluribus modis, uti jam diximus, adlaboraturn est ; ac primà quidem instituti one comxnmnarum. Quid hàc voce inlelligendum sil, docet Guibertus Nocigenti abbas, lib. III de Vita sua, cap. 7. « Communia, » inquit, novum ac pessimum nomen, sic se » habet, ul capite censi solitum sercilutis » debitum dominis semel in anno solvant ; el » il quid contra jura deliquerini, pensione n legali cmcndenl : cæterœ censuurn exoi tiones, quæ servis infligi soient, omnimo xs 0 vacent. » Hæc Guibertus, qui de communia Laudunensi el lurbis ed occasione exritatis. T.XV,p.l30.

T. Xlll,

p. 350.

niiii iiistitu-

tione quan-

tumscnris cot<

iatuiii.

T.Xll.p.îSO.

(a) lliirum hoinioum cooditionem æstimare possumus ex iis iju* narrai Uugo Piclavinus in Historia ’’iieliac. tumo nostro XII, p. 340 : « Cornes NiTemensis judicio Regis stare omnino reeusabat , et con- >tquostus est qu6d abbas ViMliacensis hominem suumtcaptum teneret.tReqiiisitus ,tQuem f respondit , Antdrtam de Palude. Et ait abbaa ; Andréas de Paludetnihd omnino adtte perunens ,tmeut est à planta pedis »tusque ad verticem , siettt proprius serctu nwnasterütPUeUactnsu. DUitque Cornest :tConditumem servitutù >thujus Aruireas minimè nisi coactus cognoscit. Respondit abbas ; Eccetsuper hoc etiam adsto Judtcro regûe » curue. El dixerunt optimales et consiliarii Regis :tMos regice curue lalis est , quùd si quis de serriU condi- • tuine ab alio interpellatus fUeril , liber à suo ^ lessore pnxlucatur m medium. i>ui si luujn passessorem solum » dominum suum recognoveril , esdumniator , Ute soluta, nihil ui en habebit. Si autem se servum calumntaloris » dixerit . yUDÜ.S cedet in partem calumniatorii ; res autem illius lam mobiles quàm immobiles universos, NVDO • kEUCTO CORPORE , possessor oecMpssbit. Respondit abbas ; Hoc judicium et hune morem laudo el libenler > observaho. •

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