Page:Recueil des allocutions consistoriales, encycliques et autres lettres apostoliques des souverains pontifes Clément XII, Benoit XIV, Pie VI, Pie VII, Léon XII, Grégoire XVI et Pie IX .djvu/87

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QUOD ALIQUANTUM. 10 MARS 1791


Enfin les troubles, les factions, les discordes éternelles, et une foule d'abus forcerent d'eloigner le peuple des elections, et meme de ne plus consulter ni son voeu ni son temoignage. Mais si cette exclusion dupeuple a eu lieu lorsquc les electeurs etaient tous catholiques, que dire du dccret de 1'Assemblee na- tionale qui, excluaat le clerge des elections, les livrc a des departements dans lesqucls il se trouve des juifs, des heretiques, des heterodoxes de toute espece? La grande influence de ces ennemis de la religion sur le choix des pasteurs produiraitcet horrible abus qui excitait rindignation de saint Gre- goire le Grand : « Non, disait ce Ponlife ecrivant au pcuple de Milan, non, je ne puis consentir en aucune maniere a 1'election dun sujet cboisi, non par des catholiques, mais par des Lombards: et si l'on donnait la consecration a un pasteur elu par de tels hommes, on mettrait sur le siege de Milan un bien iadigne successeur de S. Ambroise. »

Ce mode d'election renouvellerait les troubles, reveillerait les haines assou- pies depuis si longtemps ; il donnerait meme a 1'Eglise catholique des Prelats fauteurs de Theresie, des docteurs qui du moins en secret et au fond du coeur nourriraient les opinions erronees des electeurs : « Les jugements du peuple, dit S. Jerdme , sont souvent bien faux, le vulgaire se trompe dans le choix de ses pretres; chacunles veut confornies a ses mceurs; ce n 1 est pasle meilleur pasteur qu'il cherche, mais un pasteur qui lui ressemble. » Que faudrait-il attendre de ces Eveques qui ne seraient pas entres par la veritable porte ; ou plutot que de maux la religion iraurait-elle pas a craindre de ces liommes qui, enveloppes eux-memes dans les filets de Terreur, seraient incapables d'en garantir le peuple ? Et certes des pasteurs de cette espece, quels qu ils fussent, n'auraient le pouvoir ni de lier ni de delier, puisqu'ils seraient sans mission legitime; puisquils seraient sur-le-champ solennellement excommunies parle Saint-Siege, car telle est la peine quil a toujours infligee a tous les intrus, et c'est ainsi qu'encore aujourdhui il a soin de foudroyer, par une proclamation publique, chaque election des Eveques dUtrecht.

Mais a mesure qu'on avance dans l'examen de ce décret, on y rencontre des dispositions eacore plus vicieuses : les Eveques elus par leurs departements ont ordre d'aller demander la confirmation au Metropolitain, ou au plus ancicn Eveque; s'il la refuse, il est oblige de consigner par ecrit les motifs de son refus. L'elu peut en apoeler comme cCabus devant les magistrats civils ; ce sont eux qui decideronl si 1'exclusion est legitime; ils se constitueront juges des Metropolitaias et desEveques, auxquels cependant appartient de plein droitle pouvoir de juger des moeurs et de la doctrine, et qui, suivant S. Jerome, ont été établis pour garantir le peuple de l'erreur. Mais ce qui montre, d'une ma- niere encore plus sensible, l'illegitimite et l'incompetence de cet appel aux laiques, c'est l'exemple memorable de l'empereur Constantin. Uae foule d’Évêques s'étant rendus a Nicee pour y tenir un concile, plusieurs pensaient que