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EXTRAIT DE LA CHRONIQUE DE NORMANDIE.

An 106

» ce

consciences, se mistrent en oroisons et firent que leurs chevaulx et harnois A fussent prests et les gens d’Eglise qui en l’ost estoient veillerent toute la nuit priant Dieu, et se confesserent celle nuit ceulx qui vouldrent. Au bien matin chascun se ordonna à oyr Messe par grant dévotion, et ce fait Odon Evesque de Bayeulx (a), qui frere estoit au Duc Guillaume de par sa mère, et estoit son pere Heluyn ung des bourgeois de Falaise’, monta sur ung eschaffault et prescha au Duc Guillaume et à ses gens, et leur remonstra et dist moult de belles parolles, et en la fin leur conseilla qu’ilz offrissent à Dieu que ’en tel jour comme il estoit, jamais char ne sain ne mangeroient c’est assavoir le samedy laquelle chose les Northmans vouerent et promirent tous de entretenir à Dieu, affin que il leur fust aidant à leur besoing. Le jour du samedi qu’il estoit, feste de S. Calixte Pape de Romme, xmi jour d’Octobre le Duc Guillaume et ses gens s’armèrent et ordonnerent chascun à son pouoir et se mistrent B tous ensemble en une place ordonnée. Et là le Duc Guillaume ala et se mist en ung lieu hault tellement que tous le povoient oyr et leur dist « Mes vrais et » loyaulx amis vous avez passé la mer pour l’amour de moy, et vous estes mis » en adventure de mort dont moult je me tiengs tenu vous (b). Si vueilliez » sçavoir que pour bonne querelle nous nous combattons aujourd’huy par ma » fby, et que seulement pour conquerre ce royaume je n’ai pas passé la mer car » vous scavez comme les gens de ce pays sont faulx et doubles, et comme la nuit » de la S. Buton ils mirent à mort tous les Dannois tant hommes comme femmes » et enfans qui estoient en ce pays, et sans les deffier ne dire cause pourquoy. » Après scavez vous comment Govyne le pere de Herault mon ennemi tray » Auvré le frère Edouart, qui le royaume d’Engleterre me donna, et comme » quant Auvré fut descendu à Douvre ledit Govyne lui fist bel semblant, et puis C » le print en dormant de nuit, et en son lit le fist lier et le livra au felon » Roy qui lui fist crever les yeulx et copper la teste. Et ainsi scavez comme » Auvré perdit ses gens et furent menez à Gadefort où ilz furent décollez en » les dismant et puis en redismant. Et aussi avez bien oy parler des aultres » cruautez et traisons que Anglois ont aucunes fois fait aux Northmans. Vous « vengerez aujourd’huy, se Dieu plaist, ces mauxfais et pour Dieu gardez que » convoitise ne vous déçoive. Pensez de bien combattre, et mettez tout à mort » car se nous les povons conquerre nous serons tous riches. Pensez aussi au » grant honneur que vous aurez aujourd’huy se la journée est pour nous. Et si » aiez advis comment, se vous estes desconfis, vous estes mors sans remède ; car » vous n’avez où vous retraire ne où vous sauver. Nos vaisseaulx sont effondrez » et nos mariniers tous en ceste compaignie. Qui fuira il sera mort qui bien se D » combattra il sera sauvé. Pour Dieu fasse chascun bien son debvoir et aions » fiance à Dieu et la journée sera pour nous (c). » Comment le Duc Guillaume ordonna ses batailles en trois, et le gonfanon desploia. *•

Quant le Duc Guillaume ot ainsi parlé à ses gens, si ordonna à faire trois batailles et assaillir ses ennemis par trois lieux. Advint une chose quant l’en arma le Duc, son haubergon lui fut baillié à vestir ce de devant derriere et l’avoit ja presque endossé quand il s’en perceut dont aucuns distrent que c’estoit mauvais signe et que se autant il leur en estoit advenu ilz ne se combatteroient de la journée. Adonc leur dist le Duc « N’en doubtez ja je ne creus oncques » en sors ne en devins, ne ne les amay. Je croy en Dieu et me fie en lui et se (a) RaokliEvesques de Coustances, » Par prendre cou que je demand Pluisor enjoint lor penitances » Ne por avoir mon covenant ; Cil reçut les confessions, » Malt por venger le.r felonies, Et donna les benelcions. » Les tralions, les fois menues, Cil de Baiues ensement, etc. R. de R. f » Que li home de cestpats (b) » Ne vous en puis, ce poùe moi » Ontfaitànostregenttoudis. » R. dcR. » Rendre^ tex grâces, comjou doi ; (c) A cou que TFillaume disoit » Mais j’es rendrai, quand jou pourrai Et encore plus dire volait, » Et cou arés que jou arai. Vint Willaume le fix Osier, » Se jou conquier, vous- conquerre’s, Son ceval toutcovert de fer » Sejouprenc terre, vous tarifs ; » Sire, dist~il} trop demonns » Mais je vous dis certainement, » Armes vous tost alons alons, R. de R. » Je n’ïvien mie seulement