Page:Recueil général des anciennes lois françaises, tome 16.djvu/559

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a donné les moyens de rétablir l’exercice de la véritable religion, et de redresser ses aulels que l’hérésie avoit abattus dans tous les lieux, d’où elle avoit banni le vrai culte de la divinité. Lorsque nous avons entrepris de protéger nos alliez, le ciel a favorisé nos armes de tant d’heureux succès, qu’à la vue de toute l’Europe, et contre l’attente de tout le monde, nous les avons maintenus dans la possession de leurs états. Lorsque toutes les forces des ennemis communs de cette couronne se sont unies contre nous, Dieu a confondu leurs projets ambitieux. Enfin pour faire éclater davantage sa bonté envers nous, il a répandu ses bénédictions sur notre mariage par la naissance de deux fils, lorsque nous nous y attendions le moins.

Mais si d’un côté la majesté divine nous a rendu le plus grand et le plus glorieux prince de l’Europe, elle nous a fait connoître en même temps, que les plus grands princes ne sont pas exempts de la condition commune de tous les hommes, et elle a permis que, parmi tant de prospéritez, nous ressentissions les effets de la foiblesse de la nature humaine. Et bien que la maladie dont nous avons été attaqué, et qui continue encore, ne nous donne pas lieu de désespérer de notre guérison, et qu’au contraire nous puissions, selon toutes les apparences, nous promettre l’entier rétablissement de notre santé, cependant comme les événemens des maladies sont incertains, et que bien souvent les jugemens des personnes les plus expérimentées sont sujets à être trompez, nous avons cru être obligez de donner ordre à tout ce qui est nécessaire pour la conservation du repos et de la tranquillité de notre royaume, au cas que Dieu disposât de nous. Nous croyons que comme Dieu s’est servi de nous, pour combler de tant de faveurs cette monarchie, il demande encore de nous cette dernière action de prévoyance qui mettra la dernière main à toutes les autres, en donnant des ordres si judicieux pour le gouvernement de cet état, que, lorsqu’il plaira à Dieu de nous appeler à lui, rien ne sera capable d’affoiblir la puissance de cette monarchie, et que durant la minorité de notre successeur, le gouvernement de l’état sera soutenu avec toute la vigueur nécessaire pour le maintien de l’autorité royale. Nous jugeons que c’est là l’unique moyen de faire évanouir toutes les espérances que nos ennemis pourroient concevoir de notre décès, et de les empêcher d’en tirer les avantages qu’ils pourroient s’en promettre ; et nous ne pouvons leur opposer des forces plus considérables pour les réduire à la nécessité de faire la paix qu’en donnant pendant notre vie un si bon