Page:Recueil général des sotties, éd. Picot, tome I.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
viii
INTRODUCTION

Nous n’insisterons pas sur les origines littéraires de la sottie. Nous voulons maintenant l’étudier comme œuvre dramatique ; c’est une question beaucoup plus délicate et qui, jusqu’à ces derniers temps, n’avait pas préoccupé les historiens de notre théâtre. On peut, croyons-nous, distinguer deux espèces de sotties. Les unes étaient des pièces satiriques jouées par des basochiens ou par les membres de confréries joyeuses, avec la liberté de langage que permettait le capuchon des fous ; les autres, celles qui appartenaient au répertoire des comédiens de profession étaient des parades, récitées avant la représentation pour attirer les spectateurs : on ne saurait mieux les comparer qu’aux boniments de nos saltimbanques et de nos bateleurs modernes.

M. Sepet confond la sottie avec la farce quand il y voit un genre de moralité qui s’appliquait « plutôt aux travers sociaux qu’aux vices moraux », et quand il prétend qu’on en retrouve des exemples jusque dans le théâtre de Molière, dans les Femmes savantes, dans le Bourgeois gentilhomme et dans Les Précieuses ridicules[1]

Le plus souvent les sotties étaient représentées par des comédiens de profession, et c’est alors qu’on peut les comparer à des parades.

M. Petit de Julleville, qui s’est beaucoup occupé de notre ancien théâtre comique, définit la sottie « une farce jouée par des sots » ; mais

  1. Voy. Le Drame chrétien au moyen âge (Paris, Didier, 1878, in-12), pp. 50-51. Il est bien vrai que Les Précieuses ridicules sont une farce que l’on peut opposer à la comédie de mœurs, mais elles ne tiennent en rien de la sottie.