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INTRODUCTION

il croit imprudent de chercher à distinguer la sottie de la farce. « Les limites des deux genres sont trop indécises, dit-il, trop de farces ont pu être jouées par des sots sans être tout à fait des sotties, les sujets traités, les situations mises en scène dans les farces et dans les sotties sont souvent trop analogues, pour qu’on puisse séparer les unes et les autres, sans s’exposer à des redites et à des confusions.[1] »

Il faut pourtant essayer un classement : M. Petit de Julleville nous montre lui-même les inconvénients de la confusion quand il range dans le théâtre « comique » L’Enfant prodigue, l’Assomption de Nostre Dame, de Jehan Parmentier, Bien Avisé, Mal Avisé, La Maladie de Chrestienté, de Matthieu Malingre, et jusqu’aux moralités mystiques de Pierre Du Val[2] ! Les sotties se reconnaissent d’abord à leur titre, puis à leurs personnages désignés sous les noms de sots, de fous, de galants, de compagnons, de pèlerins, d’ermites ; elles se reconnaissent enfin à leur dialogue dans lequel nous trouvons toujours des traces de la fatrasie.

Quand la sottie était jouée par de simples bourgeois, c’était une représentation grotesque qui pouvait aussi bien être donnée dans les rues que sur un théâtre. C’est ainsi que nous voyons le conseil de ville de Douai accorder, en 1538, une indemnité aux Doubles Sots de rhétorique « pour

  1. La Comédie et les Mœurs en France au moyen âge (1886), pp. 68-73.
  2. Répertoire du théâtre comique en France au moyen âge (Paris, Cerf, 1886, gr. in-8).