Ah ! Que cette crainte m’offense !
Pourquoi vous offenser de la juste frayeur
Dont je sens les atteintes ?
Les troubles et les craintes
Sont les premiers effets d’une naissante ardeur.
De ce tendre discours que mon âme est ravie !
D’un jaloux odieux je crains la barbarie :
Si notre amour éclatoit à ses yeux,
Rien ne pourroit calmer ses transports furieux.
L’Amour, armé de la constance,
Me craint ni rivaux, ni jaloux ;
Si nos cœurs sont d’intelligence,
Rien n’est à redouter pour nous.
D’un jaloux importun tromper la vigilance,
C’est goûter par avance
Ce que l’amour a de plus doux.
Brûlerez-vous pour moi d’une flamme sincère ?
Pouvez-vous vous connoître, et me le demander ?
La conquête d’un cœur est plus aisée à faire
Qu’elle n’est facile à garder.