Page:Regnard - Œuvres complètes, tome quatrième, 1820.djvu/408

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Laissa pour monument une triste fontaine
Qui fait dire au passant que cet homme, en sa haine,
Qui du trône ébranlé soutint tout le fardeau,
Sut répandre le sang plus largement que l’eau,
S’élève une maison modeste et retirée,
Dont le chagrin surtout ne connaît point l’entrée.
L’œil voit d’abord ce mont dont les antres profonds
Fournissent à Paris l’honneur de ses plafonds,
Où de trente moulins les ailes étendues
M’apprennent chaque jour quel vent chasse les nues ;
Le jardin est étroit ; mais les yeux satisfaits
S’y promènent au loin sur de vastes marais.
C’est là qu’en mille endroits laissant errer ma vue
Je vois croître à plaisir l’oseille et la laitue ;
C’est là que, dans son temps, des moissons d’artichauts
Du jardinier actif secondent les travaux,
Et que de champignons une couche voisine
Ne fait, quand il me plaît, qu’un saut dans ma cuisine ;
Là, de Vertumne enfin les trésors précieux
Charment également et le goût et les yeux.