Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/45

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Arlequin.

Cela, monsieur ? C’est la Rhétorique chantante.

Roquillard.

Faites-la un peu venir : je serois bien aise de l’entendre.

Arlequin.

Venez-çà. Madame la Rhétorique, dites-nous qui est-ce qui persuade davantage en amour.

La Rhétorique, chante.

Par mes discours doux et flatteurs,
Je porte l’amour dans les cœurs,
Et j’attendris la plus cruelle.
Mais, à parler de bonne foi,
L’argent, pour réduire une belle,
Est encor plus puissant que moi.

Arlequin.
Air : De mon pot, je vous en réponds.

Voulez-vous, en moins d’un jour,
Être heureux en amour ?
Laissez les fleurs de rhétorique ;
Le chemin en seroit trop long :
Avec l’or, je vous en réponds ;
Mais sans cela, non, non.

Dites-nous à présent où va coucher un mari, dans le zodiaque, la première nuit de ses noces.

La Rhétorique, chante.

Le soleil vagabond jamais ne se repose ;
Il va toujours de maison en maison.
Que de maris feroient la même chose,