Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/109

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Oses-tu bien encor te montrer à ma vue ?
Et pourquoi n’es-tu pas déjà bien loin d’ici ?

strabon.

Vous vous y trouvez bien, et moi fort bien aussi.
Si mon fatal aspect ici vous importune,
Je vous permets d’aller chercher ailleurs fortune.

cléanthis.

Où puis-je aller, pour fuir un si funeste objet ?

(Thaler regarde Cléanthis avec attention.)
strabon.

Vous pouvez voyager vingt ans comme j’ai fait ;
Ou, si de la sagesse un beau feu vous excite,
Allez dans les déserts, et suivez Démocrite :
De vous voir avec lui je serai peu jaloux.

cléanthis.

Sors vite de ces lieux, redoute mon courroux.

(à Thaler.)

As-tu bientôt assez contemplé ma figure ?

thaler, à part.

J’ai quelque souvenir de cette créature.

strabon.

C’est là que l’on apprend à corriger ses mœurs,
Et d’un flegme moral réprimer les aigreurs.

cléanthis.

Je veux, quand il me plaît, moi, me mettre en colère.

thaler, à part.

C’est elle ; je le vois, plus je la considère.

strabon.

N’adoucirez-vous point cet esprit pétulant ?