Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/229

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Je m’amuse à chercher des simples dans ces lieux.

Albert

Des simples ?

Crispin

Oui, monsieur. Tout le temps de ma vie,
J’ai fait profession d’exercer la chimie.
Tel que vous me voyez, il n’est guère de maux
Où je ne sache mettre un remède à propos ;
Pierre, gravelle, toux, vertige, maux de mère ;
On m’a même accusé d’avoir un caractère.
Il ne s’en est fallu qu’un degré de chaleur
Pour être de mon temps le plus heureux souffleur.

Albert

Cet habit cependant n’est pas de compétence.

Crispin

Vous savez que l’habit ne fait pas la science ;
Et je ne serois pas réduit d’être valet,
Si je n’avois eu bruit avec le châtelet.
Mais un jour, on verra triompher l’innocence.

Albert

Vous avez, dites-vous ?…

Crispin

Voyez la médisance !
Certain jour, me trouvant le long d’un grand chemin,
Moi troisième, et le jour étant sur son déclin,
En un certain bourbier j’aperçus certain coche :
En homme secourable aussitôt je m’approche ;
Et pour le soulager du poids qui l’arrêtoit,
J’ôtai des magasins les paquets qu’il portoit.