Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/251

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Vous êtes du métier ? Musiciens, s’entend ;
Fort vains, fort altérés, fort peu d’argent comptant :
Je suis, ainsi que vous, membre de la musique,
Enfant de Gré sol ; et de plus, je m’en pique ;
D’un bout du monde à l’autre on vante mon talent.
Sur un certain duo, que je trouve excellent,
Parce qu’il est de moi, je veux, sans complaisance,
Que chacun de vous deux m’en dise ce qu’il pense.

Albert

Ah ! Ma chère Lisette, elle a perdu l’esprit.

Lisette

Qui le sait mieux que moi ? Ne vous l’ai-je pas dit ?
Agathe chante un petit prélude.

Crispin

Ce qui m’en plaît, monsieur, sa folie est gaillarde.

Albert

Elle a les yeux troublés, et la mine hagarde.

Agathe

J’aime les gens de l’art.
Elle présente une main à Albert qu’elle secoue rudement, et laisse baiser l’autre à Éraste.
Touchez là, touchez là.
L’air que vous entendez est fait en a mi la ;
C’est mon ton favori : la musique en est vive,
Bizarre, pétulante, et fort récréative ;
Les mouvements légers, nouveaux, vifs et pressés.
L’on m’envoya chercher, un de ces jours passés,
Pour détremper un peu l’humeur mélancolique
D’un homme dès longtemps au lit paralytique :