Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/263

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Pour m’aider du secours que vous m’avez promis ?
Cet homme qui tantôt m’a vanté sa science,
Veut-il de ses secrets faire l’expérience ?
En l’état où je suis, je dois tout accorder ;
Et, lorsque l’on perd tout, on peut tout hasarder.

Eraste

Je me fais un plaisir de rendre un bon office.
On se doit en tout temps l’un à l’autre service.
La malade aujourd’hui m’a fait trop de pitié,
Pour ne vous pas donner ces marques d’amitié.
L’homme dont il s’agit en ces lieux doit se rendre ;
J’ai voulu sur le mal le sonder et l’entendre.
Mais il m’en a parlé dans des termes si nets,
En me développant la cause et les effets,
Qu’en vérité, je crois qu’il en sait plus qu’un autre.

Albert

Quel service, monsieur, peut être égal au vôtre !
Comme le ciel envoie ici, sans y songer,
Cette honnête personne exprès pour m’obliger !

Eraste

Je ne garantis point sa science profonde,
Vous savez que ces gens, venus du bout du monde,
Pour tout genre de maux apportent des trésors :
C’est beaucoup s’ils n’ont pas ressuscité des morts.
Mais si l’on peut juger de tout ce qu’il peut faire
Par tout ce qu’il m’a dit, cet homme est votre affaire :
Il ne veut que la fin du jour pour tout délai.
Si vous le souhaitez, vous en ferez l’essai.
D’un office d’ami simplement je m’acquitte.