Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/278

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Agathe

se levant de son fauteuil.
Ciel ! Quel nuage épais se dissipe à mes yeux !

Eraste

se levant.
Quelle sombre vapeur vient obscurcir ces lieux !

Agathe

Quel calme en mon esprit vient succéder au trouble !

Eraste

Quel tumulte confus dans mes sens se redouble !
Quels abîmes profonds s’entr’ouvrent sous mes pas !
Quel dragon me poursuit ! Ah ! Traître, tu mourras :
D’un monstre tel que toi je veux purger le monde.
Il poursuit Albert l’épée à la main.

Crispin

se mettant au-devant d’Éraste, à Albert.
Ah ! Monsieur, évitez sa rage furibonde.
Sauvez-vous, sauvez-vous.

Eraste

Laissez-moi de son flanc
Tirer des flots mêlés de poison et de sang.

Crispin

retenant Éraste.
Aux accès violents dont son cœur se transporte,
Je vois que j’ai donné la dose un peu trop forte.

Eraste

Je le veux immoler à ma juste fureur.

Crispin

de même.
N’auriez-vous point chez vous quelque forte liqueur,
De bon esprit de vin, des gouttes d’Angleterre,
Pour calmer cet esprit et ces vapeurs de guerre ?
Il s’en va m’échapper.