Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/326

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Votre peine est utile aux hommes comme aux dieux ;
Et c’est par vos soins que la terre
Entretient quelquefois commerce avec les cieux.

Mercure

Ce travail me lasse et m’ennuie,
Lorsque je vois tant de dieux fainéants
Qui ne songent là-haut qu’à respirer l’encens,
Et qu’à se gonfler d’ambroisie.

Apollon

Vous vous plaignez à tort d’un trop pénible emploi.
S’il vous falloit donc, comme moi,
Éclairer la machine ronde,
Rendre la nature féconde,
Mener quatre chevaux quinteux,
Risquer de tomber avec eux
Et de faire un bûcher du monde,
Dans ce métier pénible et dangereux
Vous auriez sujet de vous plaindre.
Depuis que l’univers est sorti du chaos,
Ai-je encor trouvé, moi, quelque jour de repos ?
Quoi qu’il en soit, parlons sans feindre ;
À vous servir je serai diligent.
Le seigneur Jupiter, dont vous êtes l’agent,
Honnête ou non, c’est dont fort peu je m’embarrasse,
Pour goûter des plaisirs nouveaux,
À quelque nymphe du Parnasse
Voudroit-il en dire deux mots ?

Mercure

Vos muses, ailleurs destinées,