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Scène III


Mercure

Messieurs, ne soyez point en peine
Comment je puis si promptement
Ajuster cette pièce, et faire en un moment
Qu’elle paroisse sur la scène.
Nous autres dieux, d’un coup de main
Nous passons tout effort humain.
Agréez donc mes soins, et, pour reconnoissance
D’avoir voulu vous divertir,
Ayez pour mon travail quelque peu d’indulgence,
Et vous n’aurez pas lieu de vous en repentir.
J’écarterai de vous tout ce qui peut vous nuire,
Coupeurs de bourse adroits, médecins, usuriers,
Avocats babillards, insolents créanciers ;
Tous ces gens sont sous mon empire.
Et s’il est parmi vous quelqu’un
Possédant femme ou maîtresse fidèle,
(C’est un cas qui n’est pas commun)
Je n’emploierai jamais près d’elle,
Pour corrompre son cœur et sa fidélité,
Ni mon art, ni mon éloquence :
C’est payer trop, en vérité,
Quelques moments de complaisance ;
Mais un dieu doit user de générosité.