Ce seroit deux beaux coups à la fois !
Oui vraiment.
Cela pourroit peut-être arriver aisément.
À notre campagnard nous donnerions la tante ;
Pour vous seroit la nièce, et pour moi la suivante.
Mais comment ferions-nous, dans ce hardi dessein,
Pour mettre promptement cette affaire en bon train ?
Il faut premièrement quitter cette parure,
Prendre d’un héritier l’habit et la figure,
L’air entre triste et gai. Le deuil vous sied-il bien ?
Si c’est comme héritier, ma foi, je n’en sais rien :
Jamais succession ne m’est encor venue.
Faites bien le dolent à la première vue.
Imposez au notaire, et soyez diligent,
Autant que vous pourrez, à toucher cet argent.
J’ai de tromper mon frère, au fond, quelque scrupule.
Quelle délicatesse et vaine et ridicule !
Nantissez-vous de tout sans rien mettre au hasard ;
Après, à votre gré vous lui ferez sa part.
S’il tenoit cet argent, il se pourroit bien faire
Qu’il n’auroit pas pour vous un si bon caractère.