Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/377

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Le Chevalier

Le notaire à ces traits s’est déjà laissé prendre :
Il m’a reçu d’abord d’un accueil obligeant ;
Et dans une heure il doit me compter mon argent.

Valentin

Quoi, monsieur ! Il vous doit compter toute la somme,
Soixante mille écus ?

Le Chevalier

Tout autant.

Valentin

L’honnête homme !
D’autres à ce jumeau se sont déjà mépris :
Pour vous, en ce lieu même, Araminte l’a pris,
Et chez elle à dîner a voulu l’introduire.
Lui, surpris, interdit, et ne sachant que dire,
Croyant qu’elle tendoit un piège à sa vertu,
L’a brusquement traitée ; il s’est presque battu ;
Et, si je n’avois pas apaisé la querelle,
Il seroit arrivé mort d’homme ou de femelle.

Le Chevalier

Mais n’a-t-il point sur moi quelques soupçons naissants ?

Valentin

Quel soupçon voulez-vous qu’il ait ? Depuis vingt ans
Il vous croit trop bien mort ; et jamais, quoiqu’on ose,
Il ne peut du vrai fait imaginer la cause.

Le Chevalier

L’aventure est plaisante, et j’en ris à mon tour.
Mais voyons le beau-père, et servons notre amour.
Heurte vite.

Valentin va frapper à la porte de Démophon, qui sort.