Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/419

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Paix donc, point tant de pétulance.
Je ne dirai plus rien, si vous parlez toujours.

A Isabelle.

L’homme qui vous a fait d’impertinents discours,
C’est lui, sans être lui : ce n’est que son image,
De taille, de façon, de nom, et de visage ;
Et quoique l’un soit l’autre, ils diffèrent entre eux ;
Tous les deux ne font qu’un, et cependant font deux.
Ainsi, c’est l’autre lui, vêtu de ses dépouilles,
Le portrait de monsieur, qui vous a chanté pouilles.

Isabelle

De quels contes en l’air me fais-tu l’embarras ?

Le Chevalier

Sans l’entendre parler, ne vous emportez pas.

Valentin

La chose, j’en conviens, ne paroît pas trop claire :
Mais sachez que monsieur en ces lieux a son frère,
Frère jumeau, semblable et d’habit et de traits,
Dont la langue à tantôt sur vous lancé ses traits.
Vous l’avez pris pour lui ; mais quoiqu’il soit semblable
L’autre est un faux brutal, voici le véritable.

Isabelle

Quelque étrange que soit ce surprenant récit,
Je me plais à le croire ; il flatte mon esprit.
L’amour rend ma méprise et juste et pardonnable.