Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/53

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Pour rire à mon plaisir tout m’offre un champ fertile ;
Et me voyant aussi dans un riche palais,
Entouré d’officiers, escorté de valets,
Transporté tout d’un coup de mon séjour paisible,
Je me trouve moi-même un sujet fort risible.
Vous qui suivez mes pas, que voulez-vous de moi ?

l’intendant, à Démocrite.

Je suis auprès de vous par l’ordre exprès du roi,
Il prétend, s’il vous plaît, m’accorder cette grâce,
Que de votre intendant je prenne ici la place ;
Et je viens vous offrir mes soins et mon savoir.

démocrite.

Mais je n’ai nulle affaire, et n’en veux point avoir.

l’intendant.

C’est aussi pour cela qu’officier nécessaire,
Réglant votre maison, j’aurai soin de tout faire.
J’afferme, je reçois, je dispose des fonds,
Des valets…

démocrite.

Des valets…Ah ! Tant mieux.
Puisque dans les maisons
Vous avez sur les gens un pouvoir despotique,
De grâce, réformez tout ce vain domestique.
Je ne saurois souffrir toujours à mes côtés
Ces quatre grands messieurs droit
sur leurs pieds plantés.

l’intendant.

Il est de la grandeur d’avoir un gros cortège.

démocrite.

Quoi ! Si je veux tousser, cracher, moucher,
que sais-je ?
Et le jour, et la nuit, faudra-t-il que quelqu’un