Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/56

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Tous deux, en même temps,
vous vous rendiez justice.
Allez, continuez, aimez-vous bien toujours,
Et servez-vous ainsi le reste de vos jours :
Cette rare amitié, cette candeur sublime
Me fait naître pour vous encore plus d’estime.
Adieu.


Scène V.

DÉMOCRITE, STRABON.
démocrite.

Adieu.Tu ne ris pas de ces deux bons amis ?
Tu peux juger, Strabon, des grands par les petits.
De ces lâches flatteurs qui hautement vous louent,
Et dans l’occasion tout bas se désavouent ;
De ces menteurs outrés, ces caractères bas,
Qui disent tout le bien et le mal qui n’est pas ;
Des faux amis du temps reconnois les manières :
Peut-être ces deux-là sont-ils des plus sincères.
Mais changeons de propos. Que dis-tu de la cour ?

strabon.

Toutes sortes de biens. Et vous, à votre tour,
Parlez à cœur ouvert, qu’en dites-vous vous-même ?

démocrite.

Tu t’imagines bien que ma joie est extrême
D’y voir certaines gens tout fiers de leur maintien,
Qui ne déparlent pas, et qui ne disent rien ;
D’y rencontrer partout des visages d’attente,