Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/75

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Où l’on ne fait jamais ce que l’on voudroit faire,
Où l’humeur se contraint, où le cœur se dément,
Où tout le savoir-faire est un raffinement,
Où les grands, les petits, sont,
d’une ardeur commune,
Attelés jour et nuit au char de la fortune ?

agélas, à Démocrite.

La cour, qu’en ce tableau vous nous représentez,
Vous ne la prenez pas par ses plus beaux côtés.

strabon.

Hé ! Non, non.

agélas.

Hé ! NonQuelque aigreur que cette cour vous laisse,
Convenez que toujours l’esprit, la politesse,
Le bon air naturel, et le goût délicat,
Plus qu’en nul autre endroit, y sont dans leur éclat.

strabon.

Sans doute.

agélas.

Sans doute.Que le sexe y tient un doux empire ;
Qu’on rend à la beauté les respects qu’elle attire ;
Et que deux yeux charmants,
tels qu’à présent j’en vois,
Peuvent prétendre ici les honneurs dûs aux rois.
Mais une autre raison, que près de vous j’emploie,
Et qui vous comblera d’une parfaite joie,
Doit, malgré vos dégoûts, vous fixer à la cour.

démocrite.

Et quelle est, s’il vous plaît, cette raison ?

agélas.

Et quelle est, s’il vous plaît, cette raison ? L’amour.