Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

agélas.

Moi, seigneur ? Oui, je veux de vous tenir son cœur :
Vos conseils ont sur elle une entière puissance ;
Vantez-lui mon amour bien plus que ma naissance.

démocrite.

Par grâce, de ce soin, seigneur, dispensez-moi :
Je n’ai point les talents propres à cet emploi.
Je suis un foible agent auprès d’une maîtresse ;
J’ignore le grand art qui surprend la tendresse.
Votre amour, où vos soins veulent m’intéresser,
Reculeroit, seigneur, plutôt que d’avancer.

agélas.

Non, j’attends tout de vous ; je connois votre zèle,
Un soin m’appelle ailleurs ; je vous laisse avec elle.
Puis-je, pour couronner mes amoureux desseins.
Mettre mes intérêts en de meilleures mains ?
Je vous quitte.


Scène V.

DÉMOCRITE, CRISÉIS, STRABON.
strabon, à part.

Voilà, je vous le certifie,
Un fâcheux argument pour la philosophie.

démocrite, à Criséis.

Le roi me charge ici d’un fort honnête emploi,
Et je n’attendois pas l’honneur que je reçois.
Il vient de m’ordonner de disposer votre âme,