Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/93

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Et mon dessein n’est point de plaire, en vérité.

cléanthis.

Vous auriez tort : il n’est, je veux bien vous le dire,
Prince, ni galopin, que vous ne fassiez rire.

démocrite.

Pourquoi non ?
C’est un droit qu’on acquiert en naissant ;
Et rire l’un de l’autre est fort divertissant.

cléanthis.

Ismène ici m’envoie, et vous dit par ma bouche,
Que votre aspect ici l’alarme et l’effarouche.
Le roi lui doit sa foi ; cependant, à ses yeux,
On sait qu’à Criséis il adresse ses vœux :
Par de lâches conseils dont vous êtes prodigue,
C’est vous, à ce qu’on dit, qui menez cette intrigue.

démocrite.

Moi !

cléanthis.

Moi ! Vous… C’est une honte, à l’âge où vous voilà,
De vouloir commencer ce vilain métier-là !

démocrite.

Le reproche est plaisant et nouveau, je vous jure :
Je ne m’attendois pas à pareille aventure.

cléanthis.

Riez !

démocrite.

Riez ! Si vous saviez l’intérêt que j’y prends,
Vous m’accuseriez peu de ces soins obligeants.
Vous me connoissez mal. C’est une chose étrange,
Comme dans ce pays on prend toujours le change !